DIETER BEYELSCHMIDT
Later that same night, the dogs tuned their violins
2023
Ultra HD (4K) color video, 2-ch sound, 9:05 min [➚]
Director · Writer · VFX · Editor : Dieter Beyelschmidt
Camera · Sound : Rosy Beyelschmidt
"I came into the world 'under the sign of Saturn', the star of the slowest revolution, the planet of detours and delays ...", Walter Benjamin says of himself. The influence of Saturn makes people "apathetic, indecisive, slow," it goes on to say. Slowness is one characteristic of the melancholic temperament. Reminiscences of self are reminiscences of a place, and how he positions himself in it, navigates around it. In time, one is only what one is: what one has always been. In space, one can be another person. Time does not give one much leeway: it thrusts us forward from behind, blows us through the narrow funnel of the present into the future. But space is broad, teeming with possibilities, positions, intersections, passages, detours, U-turns, dead ends, one-way streets - a labyrinth.
The metaphor of the labyrinth also suggests Benjamin's idea of obstacles thrown up by his own temperament. Walter Benjamin, the translator of Marcel Proust, wrote fragments of an opus that could be called 'In search of lost spaces'. Memory, the staging of the past, turns the flow of events into tableaux. Benjamin is not trying to recover his past but to understand it: to condense it into its spatial forms, its premonitory structures.
• Catalogue / Text:
XXVIIe Rencontres Internationales Traverse, Toulouse, FR, en mars 2024 – Art expérimental
Les titres des Beyelschmidt, en eux-mêmes font déjà poésie ; ils augurent de mondes différents et attisent le désir d’en savoir plus, d’en ressentir plus ; cette fois, cela s’entonne par l’obscurité et le son de violons accordés par des chiens.
Et celui-ci adopte la manière énigmatique et poétique de l’artiste qui a choisi de chanter la nuit, dans un long (non réel) travelling — il se brise, se reprend — d’une ville (rendue) improbable malgré ses signes contemporains.
Le mouvement est constant dans la rue bordée de maisons, d’immeubles bourgeois, limitée par la bande cyclable que rappelle en quasi fin d’entrevues bicyclettes urbaines, éclairée — peu — par de hautes lumières rondes formant en s’amenuisant, une frêle ligne de fuite sans pratiquement jamais de point d’horizon.
Le mouvement est lent, un long travelling avant légèrement et en à-coups perturbé par un mouvement latéral qui n’arrive nulle part ou par une avancée subreptice sur la musique continue d’une note tenue, elle, de même, choquée par tel son repris et bref strident ou celui de voitures dont aucune de celles garées ne circule hormis celle du phare impromptu qui jamais ne s’approche.
Nuit d’après la pluie, une rare goutte chute, des reflets de lumière sur les flaques et sur les voitures entraperçues par aussi de légères irisations sur la carrosserie. Dans le continuum musical, une note de chute sans son point d’arrivée participe à ce déplacement du connu et les coins des maisons se redoublent avant la totale perturbation par un eye fish jusqu’à la mé-connaissance de cet espace. Les éléments d’architecture se chevauchent, se superposent mais toujours dans la touche légère et en inattendue, la lumière se fait dorée, flaques, reflets, le plan se recentrant. Un point se cherche, se dérobe.
La musique s’amplifie mais non le mouvement envoûtant dans sa lenteur en contrepoint de la ténacité sonore. Un battement s’insinue en elle, récurrent quand l’obscurité après superposition des choses de l’urbain, inframinces. Le référentiel s’éloigne, il se perd ; la rue doublée, superposée est un non-lieu. Ce n’est plus une vue mais une vision.
On n’ose dire de la rue / nuit transfigurée.
Simone Dompeyre (Directrice Artistique)